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Car j’ai besoin de toi. Dans ces longues veillées
Au foyer tout flambant les muses réveillées
Voltigent sur mon front rêveur avec amour…
Toujours l’âme s’éveille avec la fin du jour.
Oui, j’ai besoin de toi, car de belles pensées
Vont m’agiter, ce soir, nombreuses et pressées :
Pour suivre leur dictée, il faut que, vrai lutin,
Ma plume sans repos courre jusqu’au matin.
Que ton pétillement, ô flamme vacillante,
Sache activer sa course, hélas ! toujours trop lente ;
Et ne vas pas t’éteindre, amie, avant le jour.
Attends que l’Angélus en sonne le retour.


Ainsi je lui parlais, et la lampe allumée,
Jetant avec sa flamme une brune fumée,
Pétillait avec joie et semblait dire : Ami,
Prends garde ! Avant le jour tu seras endormi !