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Le souvenir ! Qui peut revoir sans une larme
Le bord qu’il a laissé,
Et, sans blessure au cœur, n’éprouver que du charme
À rassembler, le soir, les débris du passé !


Le souvenir ! C’est lui qui porte la pensée
Vers les âges lointains,
Y retrouve parfois une ombre délaissée,
Et fait venir aux yeux quelques pleurs clandestins.


Nul n’évoqua jamais de son passé rapide
Les rapides instants
Sans sentir dans son cœur un souvenir perfide
Déchirer sans pitié les fleurs de son printemps !