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De moi qui, l’avant-veille et par un temps de bise,
Avait pris aux blessés tout, jusqu’à leur chemise…

Bismarck, je te maudis ! Guillaume, je te hais !
Vous avez diffamé tout deux le cœur français.
Il est bon, généreux et rempli de clémence.
On ne fusille point les prisonniers en France.
J’ai vu les brancardiers, ils étaient plus d’un cent,
Ramasser les blessés sous un feu menaçant.
En Prusse, on est cruel ; du mal on est complice.
S’il faut prochainement que ma mort s’accomplisse
Au profit de Guillaume et du nouveau Tristan
Qu’on appelle Bismarck, je lui dirai : « Satan,
Je veux par les deux pieds que le peuple te pende !
Si tu pousses des cris, qu’un vautour les entende !
Qu’il te crève chaque œil pour en chasser l’éclair !
Qu’il t’arrache le foie et s’en repaisse en l’air !
Qu’il revienne t’ôter les entrailles fumantes !
Que tout ton corps, Bismarck, soit de chairs palpitantes !
Et pour les consumer, qu’un enfer dévorant
S’entr’ouvre avec fureur !… C’est le vœu d’un mourant… »


Janvier 1871.