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Le roi veut des guerriers… Allons ! drôle, partons !… »
Et j’ai suivi Guillaume avec ses bataillons…
Je ressentis bientôt ce qu’un soldat endure,
La faim, hélas ! la faim sur une couche dure.
« Cherche ton pain ! m’a dit un vieux sergent rétif :
On n’a rien en dormant ; montre-toi plus actif.
Ce n’est pas au soleil que naquit l’émeraude ;
Elle est au fond du sol. Va donc à la maraude !
Le pillage est ton droit, le meurtre est un besoin ;
Bismarck a tout permis quand nous serions au loin… »

Le mal qu’on nous conseille, on l’apprend bien sans livre,
Je l’ai commis tout seul ; le crime m’a fait vivre.
J’ai même eu du plaisir à voir souffrir autrui,
En riant du fléau qui me frappe aujourd’hui.
Oh ! la guerre ! la guerre ! ignominie atroce !
Elle fait l’assassin et la bête féroce.
La guerre m’enseigna les crimes les plus grands :
J’ai tué les vieillards ; j’ai tué les enfants ;
J’ai pillé les autels et, chose plus infâme,
J’ai !… devinez le mot pour l’honneur de ma femme…

Enivrés par la poudre, et bravant le trépas,