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Et ce boulet de fer, qu’un tison rouge allume,
C’est toi qui l’as forgé, Bismarck, sur ton enclume.
Tu le verras faillir ; il touche à son déclin ;
Il n’est point de boulet roulant toujours sans fin.
Puisse-t-il rencontrer ta tête sur la route
Et la broyer d’un choc !… Mais pas encore !… Écoute,
Des soldats expirants ont proféré ton nom :
« Bismarck n’aura jamais les honneurs du canon.
S’il meurt, lui qui sema les horreurs de la guerre,
Que sa mort soit des plus horribles sur la terre !
Le sol boit notre sang ; il entend nos clameurs ;
Nos mères ont versé jusqu’à leurs derniers pleurs ;
On a su les réduire, avec la violence,
À servir des Prussiens qui brandissent la lance ;
Et pas un seul de nous n’est là pour protéger
Celle qui crie : « À moi !… Mon fils, viens me venger !… »

« Moi, Prussien, on m’a dit : Le maître du royaume
T’ordonne de quitter ton toit couvert de chaume.
Il laissa sa famille, il faut en faire autant.
— Mon fils est au berceau. — Dieu veille sur l’enfant !
— Ma femme m’étreint en me couvrant de larmes,
Comment l’abandonner ? — En saisissant tes armes ;