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De la guerre !… En avant ! les Saxons, les Badois,
Pour former une armée immense, colossale !
Contemple donc Strasbourg !… Vois-tu sa cathédrale ?
— Strasbourg !… si je t’avais !… Il me le faut, morbleu !…
— Guillaume, tu l’auras vivant ou bien en feu.
Je puis donner au roi la moitié de la terre ;
Aujourd’hui prends la France !… À demain l’Angleterre !… »

Et Guillaume suivit tous tes conseils, Satan.
Sur un cheval fougueux il partit à l’instant :
Son regard était fauve ; il avait la moustache
Épaisse comme un bois qui n’a point vu la hache.
Partout, à son approche le sabre et la terreur.
Les vierges à ses pieds tombaient échevelées,
Les vieillards chancelants, les mères désolées,
Tous subissaient l’outrage… Et toi, Bismarck, et toi,
Joyeux tu laissais prendre un bain de sang au roi…

Un bain ne calme pas la fureur souveraine ;
Il prit des bains de sang en Alsace, en Lorraine,
Et plus il s’y plongea, plus le cœur lui brûlait ;
Ce n’était plus un cœur, non, c’était un boulet !…