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DANS LES VAISSEAUX CAPILLAIRES.

est plus considérable que dans la diastole[1] ; ainsi le plus grand calibre des artères correspond au maximum de pression du sang qu’elles contiennent.

Nous savons que si l’on isole, à l’aide de deux ligatures, sur un animal vivant, un cheval, par exemple, un segment de carotide, de la longueur d’un décimètre environ, la seconde ligature ayant été placée entre la première et le cœur ; et qu’ensuite on y fasse une ponction avec une lancette, le segment revient subitement sur lui-même, à tel point qu’il ne contient presque plus de sang : ce phénomène est dû à l’élasticité des parois de l’artère, élasticité mise en jeu par le sang lancé par le cœur ; mais ce retrait n’est qu’instantané, car si, avec un compas d’épaisseur, on mesure le diamètre du segment artériel ainsi vide de sang, on le trouve à la vérité plus petit qu’avant la ponction, mais cette diminution, donnée par un vaisseau de dix millimètres de diamètre, n’est pas même d’un millimètre, un dixième de diamètre primitif, et le vaisseau ne continue pas de diminuer de diamètre après la sortie du sang : son calibre reste constant pendant des heures entières.

Nous avons pris un segment d’aorte postérieure d’une forte grenouille, de douze millimètres de longueur ; nous l’avons circonscrit entre deux ligatures, la seconde ligature étant appliquée entre le cœur et la première, et l’ayant mis sur le porte-objet du microscope, nous avons coupé l’une des extrémités ; après la sortie d’une grande quantité de sang, il a offert un volume plus petit, mais qui n’a pas varié dans les deux heures suivantes.

Il en est autrement des divisions et subdivisions artérielles lorsqu’on les soustrait à l’action du cœur, c’est-à-dire lorsqu’elles ne reçoivent plus l’ondée de sang incessamment lancée par cet organe ; elles continuent de diminuer de diamètre, ainsi qu’on va le voir dans les vaisseaux artériels des mésentères de la grenouille, de la salamandre, de la souris, etc.

Le moyen qui nous a paru le plus convenable pour soustraire,

  1. Recherches sur la force du cœur aortique. (Journal de physiologie, t. viii, p. 272)