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DANS LES VAISSEAUX CAPILLAIRES.

aussi à un vaisseau capillaire naît immédiatement d’une artère ou qui se rend directement dans un tronc veineux. Dans les veines la vitesse est ordinairement un peu moindre que dans les artères[1]. Haller[2] et Spallanzani[3]sont loin d’être d’accord sur les vitesses relatives du sang dans ces trois ordres de vaisseaux.

Lorsqu’on examine le cours des globules sanguins dans les capillaires, on voit ces globules, et cela dans le même vaisseau, doués de vitesses très-différentes : les uns offrent simultanément deux mouvements, l’un de rotation, à l’autre de translation ; d’autres sont momentanément en repos : deux globules présentant d’abord la même vitesse ne conservent qu’accidentellement la distance qui les sépare, et si la vitesse du sang permet de suivre le même globule, on le voit dans le même vaisseau capillaire offrir quelquefois ces différentes phases de mouvements.

Ces phénomènes divers de mouvements porteraient à penser que les globules sont doués d’un mouvement spontané, ou bien que la cause du cours du sang, dans les capillaires, est différente de la cause unique qui préside au mouvement de ce liquide dans les gros vaisseaux.

Nous avons dû, dans l’examen de cette question, étudier avec la plus scrupuleuse attention les causes auxquelles étaient attribués les mouvements du sang dans les parties de l’action du cœur par une ligature, ou séparées du corps par un instrument tranchant ; et ensuite déterminer quelle est l’influence du cœur et des artères sur la circulation capillaire[4]. Ces matières feront l’objet

  1. La petite différence qui existe entre les vitesses du sang, considérées dans les vaisseaux capillaires, les artières et les veines, en supposant que cette différence se ne dépendît que de l’étendue relative de ces trois systèmes, nous porterait à penser, contre l’opinion des iatromathématiciens, que l’arbre artériel ne formerait pas, par son ensemble, un cône, dont le sommet est à la naissance de l’aorte et la base aux vaisseaux capillaires, mais bien un cône tronqué, dont la petite base correspondrait au cœur, et la grande aux capillaires. Nous ne serions pas surpris qu’on rencontrât peu de différence entre les diamètres de ces deux bases ; nous ferons la même remarque pour l’arbre veineux.
  2. Mémoire 1er, sur la circulation du sang, p. 47. Lausanne, 1756.
  3. Expériences sur la circulation, etc. traduit par J. Tourdes, p. 267, 18e résultat. Paris, an viii.
  4. Les résultats que nous ont odnnés les observations microscopiques, sur ce point de la