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En comparant les évaluations de la force du cœur données par les ouvrages de physiologie modernes, une réflexion se présente naturellement : c’est que les auteurs dont les études se sont portées sur cette partie de la science, n’ont pu avoir le même but dans leurs recherches. Comment penser, en effet, qu’une même force, toute variable qu’elle est, tout erronés que sont les moyens employés à la déterminer, soit estimée par l’un à plus de cent quatre-vingt mille livres, et par un autre à quelques onces ?

J’ai consulté les traités et les mémoires originaux que nous avons sur cette matière, et j’ai vu qu’effectivement on avait eu sur la question des idées absolument différentes. La première partie de cette dissertation mettra cette vérité dans tout son jour. Dans la seconde partie, je recherche la force avec laquelle le sang se meut dans l’aorte ou toute autre artère : un assez grand nombre d’expériences faites sur le chien et le cheval, à l’aide d’un instrument que j’ai imaginé à cet effet, me conduisent naturellement à déterminer cette force chez l’homme, en appuyant sur les faits observés l’analogie que j’essaie d’établir. Avant d’obtenir la grandeur numérique de cette force, je pose en principe que, la force avec laquelle se meut une molécule de sang dans tout le trajet du système artériel aortique est exactement la même en quelque point de ce trajet qu’on la considère.

M. le professeur Cruveilhier, dont l’intérêt pour les sciences se retrouve partout, a bien voulu, conjointement avec mon