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Bernoulli ayant pris pour point de départ les expériences de Hales, qui sont, ainsi que nous l’avons reconnu, erronées, nous ne nous arrêterons pas davantage sur cet auteur.


Boissier de Sauvages[1] invoque ce principe de mécanique en vertu duquel on peut, sans connaître la structure d’une machine, trouver quelle est la force nécessaire pour lui faire produire l’effort dynamique qu’elle présente. Ainsi étant donné, le poids élevé dans un certain temps à une certaine hauteur par le cœur, la force dépensée par la puissance mouvante est au poids connu comme 27 est à 4 (Bélidor, architecte hydraulique). Cela posé, adoptant l’effort dynamique déterminé par Bernoulli, il trouve que la force que dépense la puissance motrice pour contracter le ventricule gauche du cœur est de 71 onces élevées à chaque pulsation à la hauteur d’un pied.


Nous ne parlerons pas de Jurin, de Morgand, de Robertson, de Morland, de Tabor[2], attendu que les uns ne se sont occupés que de la vitesse du sang dans l’aorte, les autres sont partis dans leur évaluation de données aussi peu certaines que Keill. Tabor a pensé devoir faire entrer en ligne de compte la force capable de rompre les valvules sigmoïdes, etc.

Ce qui précède établit d’une manière incontestable que la force du cœur n’a pas été étudiée par les auteurs sous un seul point de vue ; l’un a considéré d’une manière toute spéciale ce que dépensait la puissance mouvante, c’est Borelli ; d’autres, Keill, Bernoulli, Sauvages, ont déterminé la force dynamique ; Hales s’est occupé de son effort statique. De là ces différences, ces disproportions énormes dans les résultats obtenus par chacun d’eux, mais que nous sommes loin

  1. Hémastatique de Hales, trad., p. 300 et 301
  2. Haller, Elementa physiot., vol. 1, p. 452 et 455.