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Telle est la force du cœur évaluée par Hales ; elle n’est autre chose que la somme des forces qui pressent chaque point de la surface du cœur. Ainsi, si l’on voulait avoir la pression opérée sur un pouce carré de cette surface, on multiplierait ce pouce carré par 7 pieds 6 pouces, hauteur de la colonne de sang dans le tube.

Remarquons seulement que 51,5 livres ne représentent nullement l’effort statique du cœur, mais que cet effort serait égal au poids d’un cylindre de sang qui aurait pour hauteur 7 pieds 6 pouces, et pour base, non pas la surface interne du cœur aortique ; mais bien l’aire que présenterait une coupe du cœur faite de la base au sommet. Cette aire, suivant Hales, étant le quart de la surface interne, on obtiendrait alors pour l’effort statique du cœur 12,87 livres.

Si maintenant nous examinons les diverses hauteurs des colonnes de sang données par le tube de Hales, appliqué à différens animaux, nous les trouverons toutes erronées. Effectivement, on sait que le sang passant des vaisseaux d’un animal vivant dans des tubes inertes, se coagule presque aussitôt. Le tube dont il se servait avait de pouce de diamètre ; des caillots se moulaient donc dans son intérieur, et par suite l’ascension du sang devait être modifiée ; car telle est la plasticité du sang des animaux, et particulièrement du chien, que si l’on coupe la carotide primitive d’un chien, un caillot ne tarde pas à se former, et l’animal est soustrait à une hémorrhagie mortelle[1]. Nous avons vu nous-mêmes ce singulier phénomène sur des chiens dont nous avions coupé les deux artères carotides et les deux axillaires.

Ensuite Hales ne tient aucun compte de l’influence des mouvemens respiratoires sur la hauteur de la colonne de sang dans le tube ; et nous verrons dans la deuxième partie de notre travail combien l’inspiration et l’expiration la modifient.

Dire par analogie que la colonne de sang doit s’élever à la hauteur

  1. Leçons orales de M. Magendie.