Page:Poiseuille - Recherches sur la force du coeur aortique, 1828.djvu/14

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(14)

sang dans l’homme, que la vitesse du sang dans la crurale est la même que celle du sang dans l’aorte.

Ayant ainsi déterminé la vitesse possible avec laquelle le sang serait projeté par le ventricule gauche dans l’aorte, il invoque un théorème de Newton, d’après lequel on sait que la force qui meut un liquide, sa vitesse étant donnée, est égale au poids d’un cylindre de même liquide dont la base serait l’orifice par lequel coule le liquide, et dont la hauteur serait le double de la hauteur verticale d’où doit tomber ce liquide pour acquérir la vitesse donnée. Il cherche donc, au moyen des formules connues de la chute des graves, la ligne verticale que doit parcourir un corps pour acquérir cette vitesse de 6 pieds et demi par seconde, et trouve cette hauteur égale à 0,704 pied ; cette hauteur doublée donne 1,408 pied, ou bien 17,76 doigts, hauteur du cylindre : l’orifice de l’aorte ou sa base est 0,4187 pouces carrés, sa solidité est donc 7,435112 pouces cubes de sang, dont le poids est de 5 onces. Keill conclut donc que la force du cœur est égale au poids de 5 onces.

Revenons sur cette évaluation, et voyons si elle ne donnerait pas la force dynamique du cœur, laquelle aurait été méconnue par Keill lui-même. Supposons à cet effet un vase rempli d’un liquide de même densité que le sang, et soit pratiqué en un point de ses parois une ouverture dont l’étendue soit exactement la même que celle de l’orifice de l’aorte ; si le sang dans l’aorte se meut avec une vitesse égale à 6 pieds et demi par seconde, comme la hauteur due à cette vitesse est de 8 po. 6 lig. environ ; si nous faisons la hauteur du niveau égale à 8 po. 6 lig., le fluide coulant par l’orifice pratiqué aux parois du vase aura la même vitesse que le sang dans l’aorte, de sorte que nous pourrons très-bien remplacer, quant à l’effet de la force, le cœur considéré comme puissance motrice par notre vase, en supposant toutefois que le niveau soit constant.

Or, chaque molécule fluide, arrivée à l’orifice, a acquis une vitesse telle qu’elle parcourrait, dans le même temps employé à la chute de 8 po. 6 lig., c’est-à-dire un cinquième de seconde environ, un espace