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pas une barre à tout, d’autant qu’il n’y a jamais eu de sexe faible dans ma famille.

Il avançait au cercle du Neubourg que le célèbre polémiste local Courtamblaize pouvait être quelquefois court en braise, mais jamais court en plume.

C’était idiot, mais cela faisait rire bruyamment les habitués du cercle qui s’écriaient cependant en chœur :

— Est-il bête, ce Baratou.

— Mais je vous répète que je ne barre rien, répliquait l’intarissable gascon.

Alors, totalement abrutis, résignés par suite, ils parlaient d’autre chose, tandis que le rire du méridional ébranlait la salle.

Certes, Beaugoujat n’était pas un Apollon, comme le prétendait l’honorable pharmacien, mais tel qu’il était, il pouvait passer pour un être assez agréable.

Tête moyenne, chevelure abondante, noire, les yeux gris foncé avec du jaune autour, une belle barbe en pointe, très fournie et sombre comme ses cheveux, une moustache impertinente à pointes rousses fignolaient la physionomie un peu insignifiante du greffier.

On aurait pu clore son signalement en disant qu’il était de taille moyenne et possédait, il est utile ici d’équivoquer, une assise majestueuse, fort appréciée dans le sexe faible, mais un peu exagérée chez un représentant du fort, d’autant qu’il aimait faire ressortir cet avantage en portant des pantalons très ajustés et des vestons courts.

Il avait aussi une déplorable habitude qui consistait à porter la main droite vers cette particularité de son individu, comme s’il avait eu peur qu’elle ne s’échappât.

Cela faisait beaucoup rire les demoiselles, bien qu’il s’estimât un don Juan irrésistible.

Baratou, en sa qualité d’homme de science, avait donné une explieation curieuse de ce tic nerveux :

— Cette partie, expliquait-il discrètement, trop développée pour un homme, est sans aucun doute innervée incomplètement. Alors, il ne la sent qu’imparfaitement ; dès