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de l’Australie. Alors le blé a baissé, mais le pain est resté cher, la viande vivante est bon marché, mais la morte reste difficile à aborder.

En un mot production exagérée, excellente dans son exagération, mais qui ne sert en vérité qu’à quelques agioteurs, parce qu’il n’y a pas assez de travail et trop d’intermédiaires âpres au gain, et le fléau de l’humanité, c’est toujours l’égoïsme.

Voilà pourquoi les paysans et les ouvriers se plaignent à juste titre.

Et leurs plaintes, qu’ils ne savent pas toujours formuler, peuvent se traduire en deux mots : manque d’équilibre.

La surproduction ne peut que mener à un cataclysme si elle ne sert pas à augmenter le travail.

Les paysans, eux, comme les ouvriers, ne distinguent que l’effet. Les premiers vendent mal leur blé et leurs bestiaux, les seconds ne trouvent du travail que difficilement.

La situation générale restera donc pénible tant que la capitalisation ne sera pas mise en demeure, par une organisation spéciale, de donner du travail, tant qu’on ne lui interdira pas formellement l’agiotage sur les denrées, les métaux qui ont donné au monde l’autocrate extraordinaire qu’on appelle l’or.

Les politiciens peuvent ergoter, occuper l’opinion publique par de vaines déclamations, ils ne font en agissant ainsi que jeter un peu de cendre sur le feu. Le collectivisme est un leurre, tous les systèmes similaires ou contraires sont dans la même impuissance. Ce sont des trompe-l’œil destinés à masquer les ambitions personnelles ou les agiotages financiers.

On n’arrivera à une solution que par deux moyens : la guerre, faucheuse éternelle du trop-plein, ou l’organisation du travail, en sacrifiant la finance comme on a sacrifié l’aristocratie.

Cependant le paysan est moins malheureux que l’ouvrier. Il est rare, très rare que le travailleur des champs ne trouve pas un morceau de pain à se mettre entre les dents. La commune, ses camarades, lui viennent en aide dans les moments par trop critiques, et les suicides en général n’ont pas la misère pour cause.