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Cette catastrophe avait en effet rendu très perplexe l’illustre journaliste. Les collègues du comité ne semblaient nullement disposés à ouvrir leurs bourses pour les enfants de la bossue.

Ils étaient déjà écrasés, affirmaient-ils à bon droit, par les frais du cercle et d’impression du journal maigrement subventionné par la préfecture.

Quant aux adhérents du comité, ils ne payaient jamais ou presque jamais leurs cotisations, de sorte que les gros bonnets du cercle étaient obligés de subvenir à toutes les dépenses.

Cependant, Courtamblaize avait fait ressortir les difficultés de la situation ; on affirmait tous les jours dans le Réveil démocratique que le baptême civil, société par le fait de secours mutuel, rendrait des services bien supérieurs à celui des calotins.

Et voilà qu’à la première catastrophe l’inanité des promesses apparaissait.

Mais ils ne voulaient rien savoir et levaient les bras vers les plafonds des salles du cercle pour affirmer leur impuissance.

L’égoïsme humain terrassant le dévouement à la cause sacrée de la révolution, apparaissait dans toute sa hideur.

Or, d’après sa conversation avec la bossue, Courtamblaize avait entrevu de nouveaux horizons. Il fallait faire vibrer la corde politique comme celle du patriotisme à Bernay.

Le succès était assuré. En effet, huit jours ne s’étaient pas écoulés que le secours immédiat se trouvait voté et qu’une souscription était ouverte dans les colonnes de la feuille républicaine.

Le doyen de Beaumont, vexé, donna vingt francs à Estelle et le château se fendit à perpétuité de deux pains de six livres et de quatre livres de viande par semaine.

— Décidément la bosse porte bonheur, disaient les cultivateurs du plateau de Pierrelaye.

Ils ne songeaient point que l’infirme avait encore plus d’intelligence que de bosse.

Il est en effet digne de remarque qu’un déshérité au physique reçoit de la nature une compensation cérébrale,