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de galanterie pour les dames, suivant son expression, venait encore y ajouter un amendement.

Alors, quand il rencontrait des femmes en train de ramasser du bois mort dans la forêt, il se permettait quelques discours licencieux.

— Eh ben ! la Françoise ça va-t-il toujours comme vous voulez ? Mâtin ! vous avez des couleurs aujourd’hui et une tournure ! Nom d’un chien ! votre mari n’est pas à plaindre.

— Ah ! ça ne le tourmente plus guère le cher homme.

— Tonnerre ! si j’étais à sa place !

— Pardine, vous ne seriez peut-être pas plus curieux que li, mon père Loriot.

— Que si.

— Enfin ça ne peut pas se faire, n’est-ce pas ?

— Avec votre assentiment, tout de même.

— Vous ne l’aurez point aussi.

Le garde, émoustillé par le cidre et les petits verres, devenait alors un peu audacieux, hasardant quelques pincements de mâles aux bons endroits. Tantôt c’était la Françoise, tantôt une autre. Elles se défendaient mollement, bien décidées cependant à envoyer promener le bonhomme au moment dangereux, mais n’osant point trop le molester pourtant parce qu’elles le savaient maître dans la forêt et qu’il pouvait les empêcher de venir ramasser le fagot nécessaire à la cheminée par les temps de bise ou utile dans les jours d’été pour mener à bien la cuisine quotidienne.

Au reste, à la première rebuffade, étant de la catégorie des gens simples, il n’insistait guère.

— C’est bon, c’est bon, disait-il, puisque ça ne vous convient pas, on repassera.

Puis, lorsqu’il était parti et que sa silhouette s’enfonçait sous l’ombre des taillis, elles ne se gênaient point pour se gausser du garde amoureux.

— Pauvre père Loriot, il a son grain aujourd’hui.

— Pour sûr qu’il vient de Beaumont.

— On voit bien que le marquis n’est pas au château.

Lui, quelques centaines de mètres franchis, n’y pensait plus. Mais les arbres continuaient à rester doubles et les sen-