Page:Poirier de Narçay - La Bossue.djvu/138

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— C’est vrai, je n’y pensais plus. Attention, je te tiens par un pied, ne gigote plus.

— Mais tu m’étouffes.

— Je ne peux pas faire autrement. Bon, j’ai une branche. Te v’là à terre. Desserre le collet. Ça y est. Là ; maintenant, tu vas me faire le plaisir d’me suivre. Pour que tu ne m’échappes point, j’vas te ligotter les bras derrière le dos avec ma corde à chiens. Bouge pas ou je t’extermine, mon bon Mathieu.

Le bon Mathieu, à peine remis de son colletage, tremblait de tous ses membres. Petit, maigrelet, souffreteux, il ne pouvait songer à opposer la moindre résistance. Son adversaire, gros et trapu, lui était supérieur en force et en vitesse.

Inconscient d’ailleurs, à cause de l’enserrement brutal du collet, il ne songeait à opposer aucune résistance.

Une fois qu’il fut « ligotté » convenablement avec la corde dont l’extrémité libre était assujettie dans la main vigoureuse du garde, Bourgougnon, le fusil du maraudeur en bandoulière et le sien sous le bras, commanda :

— En avant, marche, vers la cahute du compère Loriot.

Le chemin était pénible et long. Après une demi-heure de calvaire, l’homme sortit de son assoupissement intellectuel et essaya d’attendrir son conducteur.

— Voyons, Bourgougnon, c’est pas sérieux ? Tu ne voudrais pas livrer un ami à la justice ?

— Mon vieux, tu m’as joué trop de tours depuis quelque temps. Tu ne me feras pas croire que ton collet était destiné à prendre des lapins.

— Mais c’est pas moi qui l’ai posé.

— C’est peut-être moi, alors ?

— Je ne dis pas ça ; mais il n’y a pas que moi qui viens sur ta garderie.

— Alors, t’as des complices. Raison de plus pour que j’te coffre. Et puis, tu sais, tu m’as foutu du plomb dans les jambes. Même que celle de droite ne manœuvre pas comme à son habitude. Enfin, ça ne fait rien, on en a vu d’autres en Afrique.

— Je t’assure que je ne l’ai pas fait exprès, c’est mon fusil en tombant…