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VII
anglaise et bois-brûlé

— Elsie ?

— Mon père ?

— Approchez donc et regardez dans la direction de cet arbre… Ne voyez-vous personne ?

Le jour baissait, et, dans le local où étaient enfermés les prisonniers des Métis, les contours des objets devenaient à chaque minute plus indistincts

Sauf une femme qui semblait sommeiller dans un coin, le fermier et sa fille étaient seuls.

La jeune Anglaise s’avança vers l’étroite fenêtre d’où la vue s’échappait au-delà de la « fence », vers la lisière d’un bois de bouleaux. Dans le soir tombant, elle aperçut une silhouette qui se glissait entre les troncs :

— Je vois un homme qui passe, dit-elle.

Et, presque aussitôt, avec un sourire indéfinissable :

— Et je le reconnais.

— N’est-ce pas ? fit le fermier avec vivacité… C’est bien celui qui nous a tirés des griffes des Indiens au Fort-Pitt ! Oui…, je pensais bien ne pas me tromper, quoiqu’il ne fasse plus très clair. Au reste, ce n’est pas la première fois que je crois l’apercevoir depuis que nous sommes prisonniers de ces sauvages…