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entre le passé et l’avenir

Les souhaits de bienvenue échangés, elle apprit aux nouveaux venus que, cinq minutes auparavant, le P. Léonard étant venu à passer devant leur porte, Jean l’avait prié d’entrer. Maintenant, ils faisaient un tour dans le défrichement, sur l’invite du jeune homme, pressé, en bon propriétaire, d’en faire valoir aux yeux du missionnaire l’état de culture.

— Ah ! je serai bien heureux de retrouver aussi cet excellent Père, dit le Français, et de lui présenter mon ami…

— Eh ben ! continua Rosalie, vous n’avez qu’à prendre cette « sente » à gauche et à traverser le « couvert ». Dans trois minutes, vous les aurez joints.

— Nous y allons ! Ah ! pourtant, j’aimerais assez à voir auparavant si mon gentil filleul…

— Y dort ! répondit la jeune mère en baissant un peu la voix.

— Oh ! alors, laissons-le… ce sera pour notre retour, dans un instant… À tout à l’heure, Rosalie…

Ils s’éloignèrent dans la direction indiquée…

La joie du jeune Bois-Brûlé fut grande de revoir l’homme à qui l’attachaient doublement les liens de l’amitié et de la reconnaissance. La vive affection qu’il portait au vicomte lui avait fait regretter bien des fois que ce dernier se fût fixé au lac des Maskegs ; mais le Français n’avait pu faire autrement, les propriétés métisses qu’il se proposait d’acquérir aux environs de Batoche ayant été toutes enlevées par des acheteurs anglo-saxons fortement appuyés en haut lieu…