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les arpents de neige

Ours s’avança immédiatement entre lui et le vieux La Ronde.

Les premières paroles du Peau-Rouge bouleversèrent le vieillard et ses compagnons : Louis Riel avait été arrêté par trois éclaireurs anglo-canadiens au moment où il allait se livrer lui-même à Middleton ! Était-ce possible ? Mais le Cri donnait des détails précis : le chef bois-brûlé avait déclaré qu’il désirait, avant tout, revoir sa femme et ses enfants prisonniers à Batoche ; que, pour cette unique raison, il n’avait pas suivi Dumont dans sa fuite, et qu’il souhaitait d’être immédiatement conduit devant le général anglais…

Les deux Métis n’en croyaient pas leurs oreilles. Confondus par cette nouvelle, ce fut à peine s’ils entendirent le Cri leur expliquer comment Batoche n’avait pu être secouru et que ce désastre était, selon lui, imputable au Loucheux ; il ajoutait que, au risque d’être surpris par les patrouilles ennemies, il avait tenté vainement durant deux jours de retrouver le traître, et que, maintenant, ses guerriers et lui s’étant procuré des montures, ils allaient rejoindre le Grand-Ours aux environs du Fort-Pitt…

— Nous aurions désiré trouver aussi des chevaux, déclara l’Assiniboine. Car si le vieillard que voilà a pour lui l’expérience et la sagesse, il a, en revanche, moins de force et d’agilité que nous autres, jeunes hommes… Et la route est longue d’ici à la fourche de la rivière Bataille.

— Si mes frères ont l’intention de gagner cette fourche, répliqua le Cri, ils auront encore à marcher trois longs jours… Mais pensez-vous que votre