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heures de trêve

Pendant que Simpson tenait ces propos, le parlementaire s’avançait rapidement vers le camp des Bois-Brûlés. Immédiatement abordé par les éclaireurs, il fut conduit vers Louis Riel, qui avait regagné en arrière du bois son quartier général… Instruits par les Cris de l’attitude momentanément pacifique de leurs ennemis, la plupart des Bois-Brûlés, confiants dans la vigilance de leurs batteurs d’estrade, s’étaient retirés sur le gros du village, dont les maisons longeaient presque toutes la rivière. Ils avaient trouvé plusieurs d’entre elles fort endommagées par les obus canadiens qui avaient même fait plusieurs victimes parmi les femmes et les enfants réfugiés sous leurs toits. Mais de toutes, celle qui avait le plus souffert était assurément la maison d’Athanase Guérin. Lorsque le Métis vit ce toit défoncé, ces murs troués d’où s’échappait déjà une âcre fumée, il blêmit en songeant à son unique fille. Veuf, il avait récemment perdu son fils tué à Fish-Creek. Est-ce que Rosalie, le seul enfant qui lui restât, était morte à son tour, à demi ensevelie sous les décombres de son logis croulant ? Angoissé, il se précipita… Une main se posa sur son épaule :

— Athanase, dit Trim, ta fille est sauve. Elle est chez les La Ronde…

— Merci, Trim, répliqua le père en respirant largement. J’ai eu une fière peur…

Ils se dirigèrent en conversant vers le logis des La Ronde.

Athanase Guérin, remis de son émoi, avait repris son air un peu dur. C’était un homme d’une cin-