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l’attaque de batoche

roulement de détonations tantôt mollissant, tantôt redoublé, selon les mouvements des Anglo-Canadiens… Chacune de leurs tentatives d’attaque était accueillie par un feu terrible, soutenu, de l’autre rive, par d’autres feux croisés que l’artillerie ne pouvait arriver à faire taire… Sans le secours des canons et surtout de la pièce Gatling qui, par moments, crachait plus de deux cents fois à la minute sa mitraille sur le village, la position eût fini par devenir intenable.

Les vides se faisaient nombreux dans les rangs. À chaque instant, des blessés étaient enlevés et transportés en arrière dans les chariots… Le feu plongeant des batteries de Middleton finit pourtant par avoir raison de la résistance acharnée des Métis.

Vers 11 heures, on signala un léger mouvement de retraite vers les bois, derrière l’église. Aussitôt, sans perdre une minute, le général donne l’ordre à l’infanterie de se former en colonne et de se préparer à la marche en avant, pendant que le capitaine Howard, qui commande à l’artillerie, fait amener les avant-trains…

By God! s’exclama le vieux sergent aux moustaches rousses. Ils sont enragés ces papistes ! rien que trois balles dans ma vareuse ! Heureusement qu’elle est deux fois trop large et que je suis mince comme une latte !

— Rodney est blessé ! dit une voix.

— Cambell a disparu ! dit une autre.

— Et Brown ? où est Brown ?

— Brown est tué ! répondit-on.