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l’attaque de batoche

balle à Fish-Creek… Et Simpson constatait à cette occasion que la mort ne semblait pourtant pas vouloir de ce garçon téméraire.

Pendant que le lieutenant laissait errer ses regards sur les habitations métisses, à quelques pas de lui, son capitaine interrogeait un « Scout ».

— Tous les Indiens sont-ils de l’autre côté de la rivière ? demandait-il. Ou s’en trouve-t-il aussi un nombre suffisant sous les ordres de Riel ?

Le « scout », un sauvage de petite taille, sec et laid, répondit en mauvais anglais :

— Oui, Saguenash, beaucoup… beaucoup d’Indiens dans le village…

— Je sais bien qu’il y a des batteurs d’estrade, insista l’officier. Mais, à part ceux-là ?

— Oui… oui ! répéta le Peau-Rouge avec force, je dis : beaucoup, beaucoup d’Indiens…

Ces derniers mots frappèrent l’oreille d’Edward, qui jeta les yeux sur l’homme. Il reconnut alors en lui un transfuge arrivé deux jours avant au camp canadien, et l’idée lui vint de l’interroger. Quand le « Scout », après quelques explications complémentaires, eut satisfait le capitaine, il lui fit signe d’approcher :

— N’étiez-vous pas à Batoche, lui demanda-t-il, avant de vous mettre au service de Sa Très Gracieuse Majesté ?

— Oui, oui, Saguenash ! moi à Batoche, avant !

— Fort bien ! Alors, vous allez pouvoir me donner un petit renseignement. Dans laquelle de ces maisons a-t-on enfermé les prisonniers ?

Le Peau-Rouge désigna de la main une toiture