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les arpents de neige

Pendant trois ou quatre minutes, la mitrailleuse fit rage en avant de la colonne… Puis, comme il était facile de le prévoir, on reprit la marche en avant.

On aborda le petit bois d’où venait d’être chassée l’avant-garde des Bois-Brûlés. Des branches brisées, des troncs hachés par les projectiles, quelques cadavres çà et là indiquaient la lutte toute récente. De rares tirailleurs Métis et indiens, embusqués derrière les halliers, inquiétaient encore, tout en se repliant, les flancs de la colonne. Soudain, à trente pas à gauche, au-dessus d’un gros rocher, Simpson aperçut deux têtes et, à hauteur de l’une d’elles, un fusil dirigé vers lui. Mais le coup partit en l’air et la balle fracassa seulement des branches dans les cimes. Il vit alors que le compagnon du tireur avait levé le canon menaçant. Maintenant, penché vers lui, il lui adressait la parole en regardant l’officier de carabiniers.

Déjà, les balles pleuvaient autour des deux hommes. Mais alors Edward se retourna et, d’un geste énergique, fit signe à ses soldats de cesser le feu.

Dans l’adversaire qui lui avait peut-être épargné un coup mortel il venait de reconnaître le messager de sa fiancée au camp de Clark’s Crossing. Vivement, il porta la main à son bonnet et, d’un mouvement ample, il salua.

Debout, sans souci des balles qui recommençaient à siffler de divers points autour d’eux, les deux hommes répondirent à sa politesse par un salut non moins courtois, après quoi ils s’éloignèrent parmi les halliers, l’un brun et l’autre très