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l’attaque de batoche

chewan. En même temps la fusillade devenait plus nourrie.

— Ça chauffe ! dit encore le sergent, attention à nous aussi tout à l’heure !

— Eh bien ! qu’y a-t-il ? On ne marche plus ? demandèrent quelques voix.

La colonne, en effet, s’était presque arrêtée.

Le lieutenant s’écarta un peu pour jeter un coup d’œil en avant.

— Ce sont les « Scouts » qui se replient, déclara-t-il au bout d’un instant. Il y a du nouveau, garçons !

Presqu’aussitôt, la marche reprit.

Deux minutes ne s’étaient pas écoulées que de nombreux coups de feu indiquèrent que les éclaireurs entraient en contact avec l’ennemi… Il y eut un nouveau temps d’arrêt, puis des ordres furent donnés, et bientôt les quatre pièces et la mitrailleuse passèrent, au galop des chevaux, sur le flanc de la colonne… En avant, le feu continuait toujours. Sur la rivière c’était aussi un crépitement continuel que le bruit formidable du canon semblait trouer toutes les minutes. Et, parmi ce vacarme, montait continu, désespéré, le sifflement du vapeur…

By Jove ! s’exclama le sergent. Sont-ils en détresse pour siffler de la sorte ?

— On le dirait, en vérité ! répliqua Simpson… car je ne pense pas que ce soit pour…

Une détonation formidable lui coupa la parole :

— Ah ! parfait ! voilà notre artillerie qui s’en mêle !… Patience, les garçons, elle va nous ouvrir un chemin…