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XX
l’attaque de batoche

Les événements, désormais, ne pouvaient tarder à satisfaire les vœux de Pierre et Jean La Ronde, qui, meurtris tous deux, étaient résolus, chacun pour sa part, à chercher dans la prochaine lutte l’oubli de ses peines, non moins qu’à poursuivre le rachat de ses erreurs.

Après son échec de Fish-Creek, le général Middleton, campé au gué de Clark’s Crossing, sa base d’opérations, avait immédiatement demandé, par télégraphe, l’envoi de renforts.

Le 5 mai, le vapeur Northcote lui amenait de Swift-Current du canon, des troupes fraîches et des approvisionnements.

Le 6, tout étant prêt, la colonne se mit en route avec son artillerie renforcée d’une mitrailleuse Gatling, tandis que le Northcote descendait la rivière, ayant à son bord deux pièces de campagne, des carabines et plusieurs compagnies du « Midland Battalion ».

Le plan du général anglais était simple. Il consistait à attaquer le village de front pendant que le vapeur le prendrait à revers et couperait les communications de Riel avec l’autre rive de la Saskatchewan. Ainsi pris entre deux feux, les insurgés ne pouvaient tenir longtemps, et nul ne doutait, parmi les Canadiens, que, le soir même de l’attaque,