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les arpents de neige

Avant de s’éloigner, Gabriel Dumont laissa échapper quelques paroles très consolantes pour le Métis, mais dont il remit l’explication à l’après-midi, en raison de l’urgence des nouvelles qu’il apportait aux exovides.

L’Exovidat était, en effet, déjà rassemblé dans le local ordinaire de ses réunions lorsque le premier lieutenant de Riel y pénétra, accompagné de Pierre et des principaux éclaireurs.

À leur entrée, Maxime Lépine conversait, assis à la gauche du grand chef dont le teint paraissait plus mat encore que de coutume entre ses favoris noirs et ses yeux sombres où brillait, par instants, comme le reflet d’une flamme intérieure. Les autres exovides, parmi lesquels les deux blancs (Philippe Garnaud et Jackson), les entouraient.

Dumont dut prendre aussitôt la parole pour exposer la situation.

Au bout d’un instant, Riel l’interrompit :

— Un vapeur remonte la rivière, dis-tu ? Mais est-il destiné aux approvisionnements ou l’a-t-on lui-même armé ?

Ce fut Pierre qui répondit :

— Je l’ai bien regardé d’une cache où j’étais terré… C’est un très grand bateau. Il est armé d’une ou deux pièces de canon. Y a dessus trois compagnies… pour le moinsse. Deux de nos gens disent aussi qu’y ont vu débarquer un canon comme on n’en connaît pas encore dans ce pays-cite : il est plus « bref » que les autres et n’a pas de bouche…

— Une mitrailleuse, sans doute, opina Garnaud.