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les arpents de neige

Il doit être à c’te heure au camp des Anglouais.

— Le pouriou !

— Le chien !

— Le picasse !

— C’est comme ça ! reprit Trim avec le calme d’un homme dont l’opinion est depuis longtemps faite. Et m’est avis — sauf le respect qu’on doit aux chefs — que Gabriel Dumont a été fautif quand il l’a laissé aller, la première fois… On aurait dû le juger de suite : car c’t’homme-là, v’savez… vous connaissez l’histoire de mes peaux de martre ?… et puis y avait des choses… des choses… Enfin, on sait ce qu’on sait…

— Tu veux apparemment parler de la blessure de Jean La Ronde ? avança quelqu’un.

— Alors, tu crois aussi…

— Que c’est le Loucheux qui a tiré dessus ? Oui… j’ai des preuves !

— Vous êtes bien affirmatif, Trim ! fit Henry d’un ton de reproche… Et quand même avez vous aussi des preuves qu’il l’ait fait exprès ?

— Rien ne me tirera ça de l’idée…, appuya Trim avec un geste d’entêtement.

— Mais, pour lors, reprit celui qui avait déjà parlé, comment se fait-y que Gabriel Dumont l’avait laissé aller ?

— Ah ! voilà ! conclut le guérisseur avec le geste vague d’un homme qui en sait très long.

Il se fit un silence. Quelques-uns des Métis présents avaient eu vent d’une enquête ouverte par le chef, et, comme certains bruits étranges commençaient à courir sur le compte de Pierre et de