Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/196

Cette page a été validée par deux contributeurs.
181
hésitations

Ce contretemps causa une vive déception à La Ronde, qu’il laissait dans l’indécision jusqu’au lendemain.

La journée lui parut interminable. Après une nuit de sommeil agité, il alla de bonne heure heurter la porte du lieutenant de Riel.

Personne ne lui répondit. Au refuge des éclaireurs, il apprit d’un Indien que Dumont n’était pas rentré depuis la veille. Quand reviendrait-il ? Jean-Baptiste espéra que cette absence n’excéderait pas désormais la matinée, et, comme il avait son fusil, il alla flâner dans les bois environnants, moins soucieux d’abattre quelques pièces de gibier que de distraire son esprit des idées terribles qui l’obsédaient.

Au bout d’une heure environ, comme il redescendait vers le bac, il aperçut, à une certaine distance, un groupe de gens qui conversaient le long de la rivière. De l’endroit plus élevé où il se trouvait, les voix montaient vers lui claires et distinctes dans le calme de la matinée. Entre toutes, il ne tarda pas à reconnaître celle de Trim-médecine, dont il apercevait, d’ailleurs, la figure glabre et ridée au milieu des autres ; près de lui, il reconnut le vicomte.

— Vous ne savez donc pas ! disait le guérisseur. Ah ! y n’est pas resté longtemps dans sa « nique », j’en réponds… Y avait pourtant un homme de « quart » à la porte. Mais lui, il a fait un trou dans le toit du log-hut et il a démarré par là…

— Et n’y a pas eu moyen de le reprendre ?

– Non. Et n’y a guère de chances dorénavant.