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l’enquête

étalées sur la table devant lui afin d’impressionner l’Indien, il déclara :

— Moi, j’ai acquis la preuve que le jeune Sang-Mêlé nous avait trahis.

Il leva les yeux. L’homme était impassible. Alors, lentement, il ajouta :

— J’ai acquis aussi la preuve que le Loucheux était son complice.

Le sourire un peu railleur qui effleura les lèvres du Cri laissa voir qu’il prenait cette accusation pour un stratagème destiné à le conduire à des aveux.

— Ta vue se trouble, dit-il tranquillement. Voilà que tu prends pour un Pied-Noir un fils des Neyowock…

— Ma vue est perçante, au contraire. Tu es le complice du jeune homme. Tu te doutais qu’il agissait mal, et tu le laissais faire…

— Non, car je n’ai songé à le soupçonner que les jours suivants. C’est alors que je l’ai surveillé…

— Tu l’as surveillé, prétends-tu ? Eh bien ! qu’as-tu remarqué ?

— J’ai remarqué qu’il rôdait autour de la maison de bois des prisonniers. Mais il n’y allait qu’à cause de la fille aux cheveux d’or…

— De quelle fille aux cheveux d’or veux-tu parler ?

— Le chef ne sait donc pas ? Une fille du pays de la Mère-Blanche qui est prisonnière… Je n’ai pu découvrir de preuve de trahison. Mais si le jeune Sang-Mêlé a trahi, sois sûr que c’est à cause de cette femme… C’est tout ce que le Loucheux peut dire…