Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/155

Cette page a été validée par deux contributeurs.
140
les arpents de neige

monter Trim, car il poursuit avec la même véhémence :

— Deux magnifiques peaux, M’sieu, qui me furent dérobées un jour… Et, juste, ce sauvage était entré dans la matinée chez « moué » en manière de me proposer un cheval qu’il avait à vendre. Alors, vous comprenez, vu qu’il n’était venu personne d’autre…

— C’est pas tout ça, interrompit fort à propos le vieux François. Cette balle sort du rifle du Loucheux, pas vrai ? Eh ben ! m’est avis qu’il faut l’interroger le plus tôt qu’on pourra.

Chacun approuva cette proposition, et le Français lui-même reconnut l’opportunité de l’enquête, bien qu’il doutât toujours de la culpabilité du Peau-Rouge.

Durant toute cette conversation tenue presque à mi-voix dans un coin de la pièce, la mère de Jean et ses sœurs s’occupaient du pansement de la blessure, sur des indications antérieures de Trim, à l’aide de vulnéraires indiens.

— Avant dix jours d’ici, il sera debout, avait dit le chirurgien improvisé.

Et cette affirmation qui eût, sans doute, fait sourire un diplômé des Facultés de médecine, n’avait rien de si prétentieux dans la bouche de cet homme, car sa longue expérience des efficaces procédés de la thaumaturgie indienne l’avait plusieurs fois conduit à des résultats qui eussent paru merveilleux en d’autres milieux.

Cependant, Jean-Baptiste La Ronde avait pris à son compte de retrouver Pitre-le-Loucheux. Une