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les arpents de neige

été frappé à cette place et par une balle de rifle canadien ? observa Henry de Vallonges, en considérant à son tour le projectile. Mais cela vous surprendra moins quand vous saurez dans quelles conditions il a été atteint.

— Belle raison ! s’exclama le vieux François quand le jeune homme eut terminé son bref récit. Croyez-vous qu’un Bouais-Brûlé soit aussi « maladroët » ?… Non, ça n’est guère naturel…

— Qui était du « bord » où on l’a tiré ? demanda Baptiste sans paraître prendre garde à la réflexion de son père.

— J’y étais « moué » ! répondit le dernier des fils. Et Pierre aussi.

François regarda autour de lui :

— Avec tout ça, où est-y passé Pierre ? On ne le voit d’un bord ni de l’autre.

— Apparemment resté à la coulée avec les éclaireurs… Continue, mon gâs !

— Donc y avait Pierre… puis de ça… je ne sais plus trop. Je crois ben qu’y avait encore Hamelin et Dugué…

— Ils ont des winchesters, observa Baptiste. Et cette balle est d’un rifle canadien.

Mais le fils reprit vivement :

— Ah ! puis… j’oubliais ! Y avait aussi pas loin de Pierre Pitre-le-Loucheux.

Trim, qui examinait toujours le projectile, releva la tête.

Il y eut un silence d’une demi-seconde à peine, mais auquel François donna toute une signification en déclarant gravement :