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les arpents de neige

quer dans l’ombre. La traversée des chalands était impossible. On fut contraint de camper sur place.

Cette nuit-là fut pour les Anglo-Canadiens une nuit d’angoisse. Le général Middleton la passa dans une cruelle incertitude du sort de ses approvisionnements restés de l’autre côté de la rivière et que gardaient seule une compagnie du 10e régiment et cinquante éclaireurs. Quant aux troupes, harassées par la lutte, découragées par leurs insuccès, dans l’appréhension continuelle d’une attaque des Peaux-Rouges, elles campaient en armes, attendant le jour. Et, lorsqu’après douze heures de mortelle veillée, il commença à paraître, ramenant parmi les hommes un peu d’espoir, il n’y en eut pas un seul à se douter qu’ils ne devaient qu’à un scrupule de loyauté de Louis Riel d’échapper aux balles des Métis et aux couteaux des Indiens.