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le combat de fish-creek

— Chien de temps ! murmura Edward, qui commençait à se sentir traversé !

Tapis, sur la terre détrempée, les soldats anglo-canadiens, transis, frissonnants, se sentaient gagnés par le découragement de minute en minute.

Le jour allait baisser. L’artillerie donnait toujours, mais les Métis, impassibles sous la mitraille, continuaient de tirer avec la même régularité, la même précision, jetant bas tout ennemi qui se montrait à découvert. Il devenait évident qu’on n’enlèverait pas la position avant la nuit. Les carabiniers, aussi bien que les grenadiers, commençaient à échanger des propos significatifs. Est-ce que le général Middleton n’allait pas bientôt faire suspendre l’attaque ? Ce serait folie à lui, en vérité, de s’obstiner davantage. Les deux aides de camp, le capitaine Wise et le lieutenant Doucet, étaient blessés : lord Malgund avait eu son cheval tué sous lui… Qu’attendait donc le grand chef ?

À 5 heures enfin, l’ordre fut communiqué aux troupes de se retirer. La retraite se fit sous le feu continu des demi-blancs et la pluie qui frappait la terre sans relâche.

Trempé, boueux, grelottant comme ses hommes, le lieutenant Simpson était demeuré à l’arrière de la colonne que talonnait la crainte d’un retour offensif des demi-blancs et des Indiens.

La nuit tombait lorsqu’on arriva aux bords de la Saskatchewan.

La pluie diluvienne, qui ne cessait pas depuis plus d’une heure, avait grossi ses eaux. On entendait les lourds blocs de glace qu’elle charriait s’entrecho-