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le combat de fish-creek

volées de projectiles sifflaient en rasant les têtes qui émergeaient des « rifles-pits ».

— Quoi donc ! s’exclama le vieux François. Est-ce que les chiens d’hérétiques nous prendraient à revers ?

En un instant, le mot courut de « rifle-pit » en « rifle-pit » à travers les tranchées.

Pris à revers, ils l’étaient… Impossible d’en douter maintenant. Les balles envoyées d’en haut croisaient celles d’en bas, faisant jaillir la terre autour d’elles. Déjà, quelques Bois-Brûlés gisaient dans leurs trous, mortellement atteints. Il fallut qu’une partie des combattants fit face à droite pour répondre à ses nouveaux adversaires. D’instant en instant, ils apparaissaient plus distincts entre les arbres, et bientôt il fut aisé de reconnaître des grenadiers de Toronto. Ce qui s’était passé, les Métis le devinèrent.

Le général Middleton, inquiet de la tournure que prenait le combat, avait envoyé prévenir lord Malgund, arrêté sur l’autre rive de la rivière. Et c’était lui qui, après avoir traversé en chaland la Saskatchewan avec une compagnie du 10e régiment, venait en toute hâte prêter main-forte à Middleton. Mais, ce que les insurgés ne pouvaient savoir, c’est que deux autres compagnies suivaient de près avec de l’artillerie.

La position des Bois-Brûlés devenait critique. Allaient-ils être écrasés entre deux feux ? Déjà, les troupes canadiennes reprenaient l’offensive, et les canons, depuis un long moment, balayaient les positions métisses. À la faveur du tir de l’artillerie,