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XII
le combat de fish-creek[1]

Il n’était pas loin de midi.

La colonne anglo-canadienne marchait depuis le matin quand, soudain, parvenue à onze milles à peine de Batoche, une fusillade assez nourrie éclata à courte distance en avant.

Sur l’ordre de leurs chefs, les hommes s’arrêtèrent.

Un instant après, les éclaireurs Pieds-Noirs se repliaient sur le gros des troupes en annonçant que l’ennemi était posté à l’entrée du défilé de Fish-Creek.

Situé à moins d’un mille de là, ce défilé, qui conduit au village de Saint-Antoine-de-Padoue, formait au sud l’extrême pointe du territoire des Bois-Brûlés. Le chemin y serpente entre deux coteaux boisés, et point n’est besoin d’une grande ingéniosité pour le rendre, en temps de guerre, tout à fait impraticable. Les Pieds-Noirs rapportaient que les demi-blancs s’y étaient établis en force à hauteur d’un dangereux tournant, qu’ils avaient fait rouler dans le chemin d’énormes troncs d’arbres et que leurs tirailleurs, enfouis jusqu’au cou dans les tranchées, attendaient les soldats canadiens, la carabine en arrêt.

  1. Cet épisode est entièrement historique.