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ces conditions, la compensation est complète, si l’on suppose que l’inertie est un phénomène exclusivement électromagnétique, comme on l’admet généralement depuis l’expérience de Kaufmann, et qu’à part la pression constante dont je viens de parler et qui agit sur l’électron, toutes les forces sont d’origine électromagnétique. On a ainsi l’explication de l’impossibilité de montrer le mouvement absolu et de la contraction de tous les corps dans le sens du mouvement terrestre.

Mais ce n’est pas tout : Lorentz, dans l’Ouvrage cité, a jugé nécessaire de compléter son hypothèse en supposant que toutes les forces, quelle qu’en soit l’origine, soient affectées, par une translation, de la même manière que les forces électromagnétiques, et que, par conséquent, l’effet produit sur leurs composantes par la transformation de Lorentz est encore défini par les équations (4).

Il importait d’examiner cette hypothèse de plus près et en particulier de rechercher quelles modifications elle nous obligerait à apporter aux lois de la gravitation. C’est ce que j’ai cherché à déterminer ; j’ai été d’abord conduit à supposer que la propagation de la gravitation n’est pas instantanée, mais se fait avec la vitesse de la lumière. Cela semble en contradiction avec un résultat obtenu par Laplace qui annonce que cette propagation est, sinon instantanée, du moins beaucoup plus rapide que celle de la lumière. Mais, en réalité, la question que s’était posée Laplace diffère considérablement de celle dont nous nous occupons ici. Pour Laplace, l’introduction d’une vitesse finie de propagation était la seule modification qu’il apportait à la loi de Newton. Ici, au contraire, cette modification est accompagnée de plusieurs autres ; il est donc possible, et il arrive en effet, qu’il se produise entre elles une compensation partielle.

Quand nous parlerons donc de la position ou de la vitesse du corps attirant, il s’agira de cette position ou de cette vitesse à l’instant où l’onde gravifique est partie de ce corps ; quand nous parlerons de la position ou de la vitesse du corps attiré, il s’agira de cette position ou de cette vitesse à l’instant où ce corps attiré a été atteint par l’onde gravifique émanée de l’autre corps ; il est clair que le premier instant est antérieur au second.

Si donc x, y, z sont les projections sur les trois axes du vecteur qui joint les deux positions, si la vitesse du corps attiré est ξ, η, ζ, et celle du corps attirant ξ1, η1, ζ1, les trois composantes de l’attraction (que je pourrai encore appeler X’1, Y’1, Z’1 seront des fonctions de x, y, z, ξ, η, ζ, ξ1, η1, ζ1. Je me suis demandé s’il était possible de déterminer ces fonctions de telle