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que la chaleur spécifique des copeaux de bronze détachés du canon pendant l'opération du forage était inférieure à celle du bronze compact formant les canons eux-mêmes. De là, disaient-ils, la mise en liberté d'une certaine quantité de calorique.

Le frottement étant toujours accompagné d'usure des corps en contact, l'explication précédente s'étendait à tous les cas.

L'élévation de température qui résulte de la compression des gaz s'expliquait d'une manière analogue : la capacité calorifique d'une masse gazeuse était supposée diminuer en même temps que le volume.

30.

Cependant Rumford ne s'était pas borné à montrer que le frottement dégage de la chaleur. Il avait, en outre, mesuré la chaleur spécifique du bronze des canons et celle de la limaille provenant du forage ; il avait trouvé le même nombre. Ce résultat renversait le résultat de l'expérience que nous venons de rappeler.

Une autre expérience due à Davy avait la même conséquence. Davy avait constaté que, si l'on frotte l'un contre l'autre deux morceaux de glace, ils fondent. La chaleur spécifique de l'eau étant supérieure à celle de la glace, on ne pouvait attribuer la production de chaleur nécessaire à la fusion de la glace à une différence entre les chaleurs spécifiques du corps frotté et du corps provenant du frottement.

Mais les expériences de Rumford et de Davy passèrent inaperçues et la foi des physiciens dans le principe de la conservation du calorique n'en fut pas ébranlée.