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de et de , est donc une fonction de ces variables ne dépendant que de leurs valeurs aux limites et ne dépendant pas de la manière dont s'effectuent leurs variations. Or si est la quantité de calorique absorbée dans une transformation élémentaire, a également pour valeur l'intégrale de prise le long de la courbe décrite par le point figuratif. La valeur de cette intégrale ne dépend donc que des valeurs des variables aux limites, et, par suite, est une différentielle exacte.

Ainsi l'hypothèse de la conservation du calorique revient à admettre que est une différentielle exacte. La remarque que nous avons faite au paragraphe 25 suffit pour nous convaincre que cette hypothèse ne s'impose en aucune façon ; nous verrons d'ailleurs plus loin qu'elle est fausse. Mais les anciens physiciens, croyant à l'existence matérielle du calorique, étaient amenés à l'admettre et personne au siècle dernier ne la mettaient en doute.

29. Le frottement dégage de la chaleur

Mais ces considérations théoriques n'étaient pas nécessaires pour faire douter de l'exactitude de l'hypothèse de l'indestructibilité du calorique ; l'observation attentive des faits connus à la fin du XVIIIe siècle pouvait suffire.

Le frottement dégage de la chaleur. La preuve en est constamment sous les yeux. De plus, la célèbre expérience de Rumford à la fonderie de canons de Munich en était une démonstration péremptoire.

Mais, au lieu de voir dans ce phénomène une transformation du travail mécanique en chaleur, les physiciens en cherchèrent une explication conforme à leurs idées. Ils admirent