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une autre est employée à élever la température du gaz déjà passé dans B. Ainsi il y a simultanément transport de chaleur d’un corps chaud sur un corps froid et transport de chaleur d’un corps froid sur un corps chaud, ce que ne contredit pas le principe de Clausius.

98. Si l’on faisait l’expérience inverse, c’est-à-dire si l’on faisait passer l’air à 120° du cylindre B dans le cylindre A à travers le tube de communication maintenu à 100°, on trouverait que, lorsque le piston B est au bas de sa course, la température du gaz est redevenue 0°. Au premier abord, il semble encore que la chaleur est passée d’elle-même d’un corps froid à un corps chaud : du gaz dont la température finale est 0° à la source dont la température est 100°. En réalité, il y a eu en même temps passage de chaleur du gaz à 120° du cylindre B à la source, c’est-à-dire d’un corps chaud à un corps froid.

Les objections de Hirn ne résistent donc pas à la critique. Il n’en pouvait être autrement.

Hirn aurait pu, par des expériences nouvelles, montrer que les lois auxquelles satisfont les gaz ne sont pas celles qui sont généralement admises, il pouvait même ainsi réfuter le principe de Clausius, mais il n’a pas opéré ainsi ; il a, sans faire aucune expérience nouvelle, raisonné sur les gaz parfaits en leur appliquant les lois classiques de Mariette et de Gay-Lussac, ainsi que les lois de Regnault sur la constance des chaleurs spécitiqucs. Or, nous verrons que ces lois entraînent comme conséquence le principe de Carnot. Il était donc illusoire d’y chercher la réfutation de ce principe.