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peuvent devenir dangereux. C’est de là que proviennent les erreurs accidentelles ; et nous les attribuons au hasard parce que leurs causes sont trop compliquées et trop nombreuses. Ici encore, nous n’avons que de petites causes, mais chacune d’elles ne produirait qu’un petit effet, c’est par leur union et par leur nombre que leurs effets deviennent redoutables.

V

On peut se placer encore à un troisième point de vue qui a moins d’importance que les deux premiers et sur lequel j’insisterai moins. Quand on cherche à prévoir un fait et qu’on en examine les antécédents, on s’efforce de s’enquérir de la situation antérieure ; mais on ne saurait le faire pour toutes les parties de l’univers, on se contente de savoir ce qui se passe dans le voisinage du point où le fait doit se produire, ou ce qui paraît avoir quelque rapport avec ce fait. Une enquête ne peut être complète, et il faut savoir choisir. Mais il peut arriver que nous ayons laissé de côté des circonstances qui, au premier abord, semblaient complètement étrangères au fait prévu, auxquelles on n’aurait jamais songé à attribuer aucune influence et qui, cependant, contre toute prévision, viennent à jouer un rôle important.

Un homme passe dans la rue en allant à ses affaires ; quelqu’un qui aurait été au courant de ces