Passons à un deuxième exemple ; pourquoi, dans une averse, les gouttes de pluie nous semblent-elles distribuées au hasard ? C’est encore à cause de la complexité des causes qui déterminent leur formation. Des ions se sont répandus dans l’atmosphère, pendant longtemps ils ont été soumis à des courants d’air constamment changeants, ils ont été entraînés dans des tourbillons de très petites dimensions, de sorte que leur distribution finale n’a plus aucun rapport avec leur distribution initiale. Tout à coup, la température s’abaisse, la vapeur se condense et chacun de ces ions devient le centre d’une goutte de pluie. Pour savoir quelle sera la distribution de ces gouttes et combien il en tombera sur chaque pavé, il ne suffirait pas de connaître la situation initiale des ions, il faudrait supputer l’effet de mille courants d’air minuscules et capricieux.
Et c’est encore la même chose si on met des grains de poussière en suspension dans l’eau ; le vase est sillonné par des courants dont nous ignorons la loi, nous savons seulement qu’elle est très compliquée, au bout d’un certain temps, les grains seront distribués au hasard, c’est-à-dire uniformément, dans ce vase ; et cela est dû précisément à la complication de ces courants. S’ils obéissaient à quelque loi simple, si, par exemple, le vase était de révolution et si les courants circulaient autour de l’axe du vase en décrivant des cercles, il n’en serait plus de même, puisque chaque grain conserverait