Page:Poincaré - Science et méthode (Édition définitive).djvu/86

Cette page n’a pas encore été corrigée

causes, nous devions distinguer les phénomènes fortuits, sur lesquels le calcul des probabilités nous renseignera provisoirement, et ceux qui ne sont pas fortuits et sur lesquels nous ne pouvons rien dire tant que nous n’aurons pas déterminé les lois qui les régissent. Et pour les phénomènes fortuits eux-mêmes, il est clair que les renseignements que nous fournit le calcul des probabilités ne cesseront pas d’être vrais le jour où ces phénomènes seront mieux connus.

Le directeur d’une compagnie d’assurances sur la vie ignore quand mourra chacun de ses assurés, mais il compte sur le calcul des probabilités et sur la loi des grands nombres et il ne se trompe pas puisqu’il distribue des dividendes à ses actionnaires. Ces dividendes ne s’évanouiraient pas si un médecin très perspicace et très indiscret venait, une fois les polices signées, renseigner le directeur sur les chances de vie des assurés. Ce médecin dissiperait l’ignorance du directeur, mais il n’aurait aucune influence sur les dividendes qui ne sont évidemment pas un produit de cette ignorance.

II

Pour trouver une meilleure définition du hasard, il nous faut examiner quelques-uns des faits que l’on s’accorde à regarder comme fortuits, et auxquels le calcul des probabilités parait s’appliquer ; nous rechercherons