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les nombres transfinis qu’ils en sont arrivés à faire dépendre la théorie des nombres finis de celle des nombres cardinaux de Cantor. A leurs yeux, pour enseigner l’arithmétique d’une façon vraiment logique, on devrait commencer par établir les propriétés générales des nombres cardinaux transfinis, puis distinguer parmi eux une toute petite classe, celle des nombres entiers ordinaires. Grâce à ce détour on pourrait arriver à démontrer toutes les propositions relatives à cette petite classe (c’est-à-dire toute notre arithmétique et notre algèbre) sans se servir d’aucun principe étranger à la logique.

Cette méthode est évidemment contraire à toute saine psychologie ; ce n’est certainement pas comme cela que l’esprit humain a procédé pour construire les mathématiques ; aussi ses auteurs ne songent-ils pas, je pense, à l’introduire dans l’enseignement secondaire. Mais est-elle du moins logique, ou pour mieux dire est-elle correcte ? Il est permis d’en douter.

Les géomètres qui l’ont employée sont cependant fort nombreux. Ils ont accumulé les formules et ils ont cru s’affranchir de ce qui n’était pas la logique pure en écrivant des mémoires où les formules n’alternent plus avec le discours explicatif comme dans les livres de mathématiques ordinaires, mais où ce discours a complètement disparu.

Malheureusement, ils sont arrivés à des résultats contradictoires, c’est ce qu’on appelle les antinomies