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je m’abstiens de le faire, je me représente les sensations musculaires et autres sensations analogues qui accompagneraient cette extension, et cette représentation est associée à celle de l’objet A.

Or, je sais également que je puis atteindre l’objet B en étendant le bras droit de la même manière, extension accompagnée du même cortège de sensations musculaires. Et quand je dis que ces deux objets occupent la même position, je ne veux pas dire autre chose.

Je sais aussi que j’aurais pu atteindre l’objet A par un autre mouvement approprié du bras gauche et je me représente les sensations musculaires qui auraient accompagné ce mouvement ; et, par ce même mouvement du bras gauche accompagné des mêmes sensations, j’aurais pu également atteindre l’objet B.

Et cela est très important, puisque c’est de cette façon que je pourrai me défendre contre les dangers dont pourraient me menacer soit l’objet A, soit l’objet B. A chacun des coups dont nous pouvons être frappés, la nature a associé une ou plusieurs parades qui nous permettent de nous en préserver. Une même parade peut répondre à plusieurs coups ; c’est ainsi, par exemple, qu’un même mouvement du bras droit nous aurait permis de nous défendre à l’instant α contre l’objet A et à l’instant β contre l’objet B. De même, un même coup peut être paré de plusieurs manières, et nous avons dit,