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Il faut l’espérer, car sans cela toute science serait impossible. Quand nous voulons contrôler une hypothèse, que faisons-nous ? Nous ne pouvons en vérifier toutes les conséquences, puisqu’elles seraient en nombre infini ; nous nous contentons d’en vérifier quelques-unes et si réussissons, nous déclarons l’hypothèse confirmée, car tant de succès ne sauraient, être dus au hasard. Et c’est toujours au fond le même raisonnement.

Je ne puis ici le justifier complètement, cela me prendrait trop de temps ; mais je puis dire au moins ceci : nous nous trouvons en présence de deux hypothèses, ou bien une cause simple, ou bien cet ensemble de causes complexes que nous appelons le hasard. Nous trouvons naturel d’admettre que la première doit produire un résultat simple, et alors, si nous constatons ce résultat simple, le nombre rond par exemple, il nous parait plus vraisemblable de l’attribuer à la cause simple qui devait nous le donner presque certainement, qu’au hasard qui ne pouvait nous le donner qu’une fois sur 10.000. Il n’en sera plus de même si nous constatons un résultat qui n’est pas simple ; le hasard, il est vrai, ne l’amènera pas non plus plus d’une fois sur 10.000 ; mais la cause simple n’a pas plus de chance de le produire.