imprévus et impossibles à prévoir ; ils lui paraîtraient dus à je ne sais quel caprice ; mais ce caprice serait tout autre chose que notre hasard, puisqu’il serait rebelle à toute loi, tandis que notre hasard a encore les siennes. Tous ces points demanderaient de longs développements, qui aideraient peut-être à mieux comprendre l’irréversibilité de l’univers.
VIII
Nous avons cherché à définir le hasard, et il convient maintenant de se poser une question. Le hasard, étant ainsi défini dans la mesure où il peut l’être, a-t-il un caractère objectif ?
On peut se le demander. J’ai parlé de causes très petites ou très complexes. Mais ce qui est très petit pour l’un ne peut-il être grand pour l’autre, et ce qui semble très complexe à l’un ne peut-il paraître simple à l’autre ? J’ai déjà répondu en partie puisque j’ai dit plus haut d’une façon précise dans quel cas des équations différentielles deviennent trop simples pour que les lois du hasard restent applicables. Mais il convient d’examiner la chose d’un peu plus près, car on peut se placer encore à d’autres points de vue.
Que signifie le mot très petit ? Il suffit pour le comprendre de se reporter à ce que nous avons dit plus haut. Une différence est très petite, un intervalle est très petit lorsque, dans les limites de cet