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hypothèses cosmogoniques

latérale résulte de ces conflits incessants dont le résultat final est d’arriver à la direction de moindre résistance. Quant aux particules, en bien plus grand nombre, pour qui la vitesse n’était pas dans la proportion voulue, elles ont continué leur chemin en s’approchant de plus en plus du Soleil et ont contribué à le former.

« Ainsi le système premier se trouve transformé, par les lois combinées de l’attraction et de la résistance, en un autre système dans lequel tout l’espace compris entre deux plans parallèles, assez rapprochés de part et d’autre du centre du Soleil, est parcouru librement par des particules se mouvant dans des cercles, chacune avec la vitesse qui répond à sa distance au centre. Comme leurs résistances mutuelles sont, là, aussi faibles que possible, cet état de choses durerait indéfiniment si leur attraction n’intervenait pour le modifier et y faire naître les germes de formations nouvelles, les planètes. En effet les particules voisines décrivant des cercles presque égaux et parallèles, elles se trouvent comme en repos les unes par rapport aux autres : alors, s’il se trouve quelque centre d’attraction prépondérante, les particules voisines tendront vers ce point et y formeront une masse dont l’attraction toujours croissante finira par s’étendre et ramasser au loin de nouveaux matériaux. Évidemment les corps ainsi formés seront animés, autour du Soleil, des mêmes mouvements circulaires que leurs éléments primitifs. » (p. 134-135.)

3.Kant essaie ensuite d’expliquer la rotation directe des planètes et la formation de leurs satellites :

« Tout ce qui s’est passé en grand autour du Soleil, se répétera en petit autour de toute planète, pourvu que sa sphère d’attraction ait acquis une extension suffisante » (p. 135.)

Pour expliquer ce sens direct de rotation des planètes et de révolution des satellites, Kant donne, il faut l’avouer, des raisons fort insuffisantes. Il semblerait même que les particules, se mouvant autour du Soleil selon la troisième loi de Képler, auraient tendance à engendrer des planètes à rotation rétrograde, puisque les particules ont une vitesse linéaire d’autant plus grande qu’elles sont plus proches du Soleil. — Nous discuterons plus loin les raisons que l’on peut invoquer pour expliquer les rotations directes.