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théorie de m. arrhenius

ment un travail positif, produit aux dépens de l’énergie solaire, comme nous l’expliquions au numéro précédent pour réfuter une hypothèse analogue ; toutefois le travail de l’attraction électrostatique vient s’ajouter à celui de la gravité ; et un même accroissement de la masse solaire correspond à un apport d’énergie mille fois plus considérable.

185.Les particules chargées négativement que chasse la lumière du Soleil pourront atteindre notre atmosphère, où elles se manifesteront par les aurores boréales. Elles se déchargeront en arrivant dans les hautes régions de l’atmosphère en émettant des rayons cathodiques, origine de l’aurore. Les maxima et les minima périodiques des aurores polaires et ceux des perturbations magnétiques concordent d’une façon très marquée avec ceux de l’activité éruptive du Soleil. C’est ainsi que très souvent le passage d’une tache solaire au méridien dont le plan contient la Terre est suivi par une tempête magnétique et par une aurore. Une gouttelette de 0mm,00016 de diamètre, ayant la densité de l’eau, mettrait 56 heures pour venir du Soleil à la Terre. Or, plusieurs observateurs ont constaté, paraît-il, un retard du même ordre entre le passage d’une tache solaire au méridien et le maximum de la perturbation magnétique ou de l’aurore polaire correspondante.

186.Mais les particules chargées qui sont chassées par le Soleil, et aussi celles que chassent les diverses étoiles, peuvent, selon M. Arrhenius, faire des trajets beaucoup plus longs à travers les espaces célestes : elles peuvent atteindre les nébuleuses. M. Arrhenius pense que les nébuleuses sont à des températures excessivement froides (50° absolus environ). Malgré cela leurs parties périphériques arrivent à devenir lumineuses, par suite du bombardement que leur font subir les particules chargées qui sillonnent l’espace de toutes parts : l’origine de cette luminescence des parties superficielles de la nébuleuse serait donc comparable à celle des aurores polaires de notre atmosphère. Comme la majeure partie des particules de poussière est arrêtée avant d’avoir pénétré un peu profondément à l’intérieur de la nébuleuse, c’est la périphérie seule qui est lumineuse. Quant à ce qui se trouve dans les parties profondes, nous l’ignorons absolument.

Le spectre des nébuleuses présente en général les raies de l’hydrogène, de l’hélium, et d’un autre élément, le « nébulium » dont la