Page:Poincaré - Leçons sur les hypothèses cosmogoniques, 1911.djvu/255

Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE ix.

THÉORIE DE Sir NORMAN LOCKYER.


170.Jusqu’ici, notre horizon n’a guère dépassé le système solaire. Mais la spectroscopie, en faisant naître la Chimie stellaire, a révélé des étoiles de types spectraux très différents, et l’on a été amené à étudier l’évolution de ces astres. Les théories mécaniques ou thermodynamiques font place ici à des théories chimiques.

La théorie de Sir Norman Lockyer sur la genèse des grandes étoiles repose sur l’étude simultanée de la composition chimique de ces astres et des différences de température qu’ils présentent entre eux[1].

On sait que le spectre d’un corps incandescent est d’autant plus étendu vers le violet que ce corps est plus chaud : c’est ainsi qu’une barre de fer passe successivement du rouge sombre au blanc éblouissant, à mesure qu’on la chauffe à une température de plus en plus élevée. On sait aussi que le maximum d’éclat du spectre se déplace vers le violet, à mesure que la température de la source lumineuse augmente (loi de Wien) ; on conçoit donc que l’étude du spectre des étoiles puisse fournir des indications sur la température de ces astres.

Au point de vue des raies, Sir N. Lockyer distingue parmi les spectres des étoiles trois types différents :

Le spectre de la flamme, qui est un spectre de bandes ;

Le spectre de l’arc, formé par des raies fines ;

Le spectre de l’étincelle, formé par de nouvelles raies et par certaines raies de l’arc renforcées.

L’origine de cette distinction est la suivante : Si l’on place un corps successivement dans une flamme et dans l’arc électrique qui est plus

  1. Voir Lockyer (Sir Norman) : L’Évolution inorganique (Bibliothèque scientifique internationale, Paris, Alcan, 1905). Further Researches on the temperature classification of Stars (Proceedings of the Royal Society of London, vol. lxxiii, p. 227-238).